Une stratégie au goût amer

17 janvier 2018

Année électorale oblige, le gouvernement Couillard n’opère plus en mode austérité. Après avoir mis au régime sec notre réseau scolaire – avec des coupes de un milliard de dollars en cinq ans en éducation –, il investit enfin pour soutenir les enfants de 0 à 8 ans sur le chemin de la réussite éducative.

Nous le disions depuis longtemps : plus nous intervenons tôt auprès des enfants et meilleures sont leurs chances de réussir. Jusqu’à tout récemment, le gouvernement n’avait rien voulu entendre. C’est fou comment un échéancier électoral peut ramener du gros bon sens chez les politiciens.

Se donner les moyens pour l’égalité des chances

On ne peut qu’applaudir cette volonté d’assurer l’égalité des chances en éducation.  Le personnel de soutien scolaire contribue d’ailleurs, quotidiennement, à l’atteinte de ce noble objectif, en assurant des services directs aux élèves, au personnel et aux familles. Mais pour que tous les besoins criants soient comblés et que cette égalité des chances puisse réellement se concrétiser, nos écoles doivent fourmiller, par exemple, de personnel en éducation spécialisée, en travail social, en services de garde ou auprès des élèves handicapés.

Or, l’austérité – que l’on veut maintenant nous faire oublier – a créé des déserts de services dans des pans entiers du soutien scolaire. Nous nous souvenons de ces cafétérias, opérées par des employés des commissions scolaires, qui offraient, à coûts modiques, des repas du midi, et parfois du matin, à tous les élèves, de milieux défavorisés ou non.

Cela n’existe plus aujourd’hui. Seuls les enfants les plus défavorisés auront droit à des repas, et ce, uniquement durant les 200 jours du calendrier scolaire. Pour les 165 autres jours, ils devront demeurer sur leur faim… Qu’attend le gouvernement pour s’attaquer aux racines de la pauvreté ? Cette question va bien au-delà du cadre d’action du ministère de l’Éducation, mais elle relève tout de même des responsabilités du gouvernement.

Pour des bibliothèques scolaires en santé

La stratégie éducative dévoilée plus tôt cette semaine comporte plusieurs mesures, dont un réinvestissement dans les bibliothèques scolaires. Il s’agit d’une bonne nouvelle pour les élèves. Je me souviens de la bibliothécaire de mon école, Mme Yvonne, qui veillait à bien replacer les livres sur les rayons, qui nous lisait une courte histoire à la fin de la période et qui nous suggérait régulièrement de nouvelles lectures. La gestion d’une bibliothèque scolaire, ça ne peut pas être confié à une personne bénévole. Espérons donc que ces sommes allouées permettront l’embauche d’un nombre suffisant de personnels techniques en documentation dans l’ensemble des écoles du Québec.

Je me souviens

Le beau « show » de Philippe Couillard et Sébastien Proulx me laisse un goût amer. Ils ont beau jeu de se présenter aujourd’hui comme des progressistes visionnaires, préoccupés par le développement et la scolarisation des enfants de 0 à 8 ans. Or, c’est leur gouvernement qui n’a eu aucune gêne à couper la somme astronomique de un milliard de dollars en éducation, ni aucun remords quant aux conséquences pour ces jeunes. Quand l’éducation est la véritable priorité d’un gouvernement, on ne se comporte pas ainsi.

Éric Pronovost, président de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ)

 

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